Le choeur régional Vittoria a remporté les 5ème Victoires de la Musique Classique en 1998 dans la catégorie « Meilleur Ensemble Vocal ».

Cette récompense a été décernée au choeur régional Vittoria pour l’enregistrement en 1997 du Roi David d’Arthur Honegger – avec Jacques Martin en récitant, direction Michel Piquemalet pour l’ensemble de ses réalisations.

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5ème Victoires de la Musique Classique


La cérémonie des 5ème Victoires de la Musique Classique et Jazz a lieu le 3 février 1998 au Théâtre de l’Empire à Paris. Elle est présentée par Jacques Chancel, présidée par Barbara Hendricks et diffusé en direct sur France 3 et France Musique, en présence de Catherine Trautmann, ministre de la culture et de la communication.

La cérémonie rend notamment hommage à Stéphane Grapelli, violoniste de jazz alors récemment disparu, à Régine Crespin, que le public ovationne particulièrement, au compositeur Pierre Henry et à l’Orchestre de Paris, qui fête ses 30 ans et qui est présent sur scène sous la baguette du chef viennois Theodor Guschlbauer.

Cette année-là on trouve par exemple William Christie, Pierre Boulez et Michel Plasson dans la liste des nommés dans la catégorie « Meilleur chef d’orchestre ». Dans la catégorie « Meilleur artiste lyrique », Roberto Alagna, Françoise Pollet et Nathalie Dessay sont en compétition. C’est Michel Plasson et Nathalie Dessay qui remportent chacun une victoire.

Dans la catégorie « Meilleur Ensemble instrumental ou vocal » figurait le Choeur régional Vittoria d’Île-de-France, l’Ensemble 2E2M et Il Seminario Musicale. C’est le Choeur Vittoria qui reçoit la récompense.

Jacques Martin, qui avait enregistré pendant des années ses émissions au même endroit, retrouve le Théâtre de l’Empire pour quelques heures : il est le récitant du Roi David d’Arthur Honegger dont le choeur chante un extrait, sous la direction de Michel Piquemal.

« Bien connu à Lille (il dirigea plusieurs années l’atelier choral du conservatoire), Michel Piquemal est certainement un grand « entraineur » de chorales et son travail à la tête du choeur Vittoria est en tout point remarquable ». Article : Quelques victoires méritées par La voix du Nord, Gérard Goutierre, 14 fév 98


Jacques Martin et Michel Piquemal : la rencontre


Les deux hommes se rencontrent sur le plateau d’Antenne 2 lors de l’enregistrement de l’émission « Dimanche Martin ». En effet, l’Ensemble Vocal Michel Piquemal (ensemble professionnel) est invité à venir chanter le chant des oyseaulx de Janequin. Un soir après les répétitions, Jacques Martin demande à Michel Piquemal de le rejoindre dans son bureau, au 5e étage du Théâtre de l’Empire. Le courant passe entre les deux hommes et, séduit par le travail de Michel Piquemal, Jacques Martin invite l’Ensemble vocal à participer à Dimanche Martin ou au Grand échiquier de manière régulière. Ils se produiront ainsi toutes les trois semaines pendant des années.

Un jour, alors qu’il échange avec lui dans son bureau, Michel Piquemal remarque le texte du Roi David sur un guéridon. Jacques Martin lui fait part de l’amour qu’il porte à l’œuvre d’Honneger, qu’il a découverte grâce à son Maître Jean Marchat qui l’a enregistrée en 1951. Il confie réciter souvent ce texte par cœur, en hommage à son maître et rêver de pouvoir un jour l’enregistrer.

« La première fois que j’ai donné le Roi David en concert, comme récitant, c’était à Strasbourg avec Alain Lombard. J’ai plus que de l’amour, j’ai une véritable passion pour cette oeuvre. C’est une oeuvre qu’il faut défendre avec une ferveur spéciale. Avec Michel Piquemal, oui, je sais que ce sera ce qu’il faut. Nous enregistrons la version originale, sans cordes, et il en existe qu’une seule version. Piquemal est un type formidable. Un Maître-Chanteur ! Ce qu’il fait avec son choeur, c’est admirable ». Jacques Martin

Michel Piquemal est touché car il connait lui-même parfaitement bien cette oeuvre. Il aime particulièrement sa version d’origine qui n’a encore jamais été enregistrée et est assez méconnue. A l’époque déjà défricheur de versions originales et d’oeuvres oubliées, il est séduit par ce projet qu’il propose à Jacques Martin de réaliser avec lui à l’occasion des 10 ans d’activité du Choeur régional Vittoria. L’œuvre est ainsi enregistrée en 1997 et reçoit in fine, les 5èmes Victoires de la Musique Classique l’année suivante.


Le « Roi David » pour les 10 ans du Choeur


En 1997, pour fêter les 10 ans d’activités du Choeur Vittoria, Michel Piquemal, qui en est le directeur musical depuis sa création, choisit donc d’enregistrer en 1997 le Roi David d’Arthur Honegger dans sa version d’origine.

« Nous jouerons la version originale. Elle est préférable selon moi à la version symphonique, et d’ailleurs, j’ai été heureux de constater que Pascale Honegger, la fille du compositeur, partage mon point de vue. Dans cette version il y a des recherches de couleurs dans les timbres, avec l’harmonium, avec le piano, qui sont vraiment très beaux. » Michel Piquemal, propos recueilli par Hannah Krooz pour Naxos Magazine.

C’est donc, pour la toute première fois, dans sa version originale que le choeur enregistre de Roi David d’Honegger à la Salle Pleyel, avec Jacques Martin comme récitant, accompagné de Christine Fersen comme Pythonisse (sociétaire de la Comédie Française), Danielle Borst (soprano), Marie-Ange Todorovitch (mezzo), Gilles Ragon (tenor), Clara Guedj (l’enfant), l’orchestre de la cité, sous la direction de Michel Piquemal. Le disque est édité chez Naxos et enregistré grâce au soutien financier du conseil régional Île-de-France.

Cette version se présente dans une orchestration pour formation réduite : six bois, quatre cuivres, un harmonium, un piano, deux timbales, une contrebasse, un gong et un tam-tam.

Photos de l’enregistrement ©Jean-Baptiste Millot


Le « Roi David » d’Arthur Honegger


En 1908, le poète vaudois René Morax, avait installé un théâtre dans le village de Mézières. La scène, assez profonde, pouvait accueillir des spectacles de grandes dimensions : l’Orphée de Gluck y a été représenté avant 1914.

La première guerre mondiale marque une pause dans l’activité du théâtre jusqu’au moment où, en 1921, René Morax songe au sujet biblique du Roi David pour sa réouverture. C’est en février, alors que les répétitions devaient commencer le mois suivant, que le poète s’inquiète de la musique. Les compositeurs helvétiques sollicités s’étant récusés, il prend conseil auprès du chef d’orchestre Ernest Ansermet, qui avance le nom d’Honegger, alors peu connu dans son propre pays. Morax hésite, mais est finalement conforté dans ce choix par Stravinsky lui-même.

Efficace, Honegger commence par composer les parties chorales, qui mobilisent de nombreux amateurs. Cependant – mystère de l’inspiration – ce n’est qu’après une visite impromptue au chevet de sa mère, gravement malade, qu’il entrevoit le déroulement des deux plus importants numéros : la Danse devant l’Arche et la mort de David. L’oeuvre est terminée le 28 avril, en deux mois.

L’oeuvre est un succès, à la fois musical et populaire. Un peu plus tard, un mécène enthousiaste donne à Honegger la possibilité de faire entendre sa musique à Paris, associée au Requiem de Fauré. L’orchestre atteint alors la dimension symphonique.

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Texte (Mathieu Ferey) et dessin extrait du livret du disque « Le Roi David » d’Arthur Honegger, direction Michel Piquemal, chez Naxos, juin 1997